Lecteur, encore un peu de patience !

Mon blog me permet de remettre en ligne les écrits et photos du site de l'association "Dessine-moi un enfant", aujourd'hui disparue. Vous pouvez d'ores et déjà parcourir ce voyage autour du monde de 18 mois en image. Les écrits, quant à eux, me demandent un peu de travail de relecture, non pas pour les modifier, puisque je cherche à garder leur spontanéité, mais pour rajouter les accents absents des claviers anglophones. J'alimente donc au fur et à mesure ce blog des reportages, articles, extraits de mon carnet de route.

lundi 29 mars 2010

Les écoliers népalais et le système éducatif

Le système éducatif népalais

Les écoliers népalais entrent généralement en maternelle dès qu'ils atteignent l'âge de 4 ou 5 ans. L'école maternelle comporte deux classes : LKG (Lower Kinder Garten) soit la maternelle inférieure et UKG (Upper Kinder Garten) soit la maternelle supérieure. Entre 7 et 11 ans, les enfants vont à école primaire, de la classe 1 à la classe 5. Puis à partir de 12 ans en général, ils rentrent au collège, de la classe 6 à la classe 10. Enfin, les élèves de 17 et 18 ans vont au lycée pendant deux ans, en classe 11 et 12. Après cela, les élèves qui le désirent et dont les familles peuvent se le permettre, rejoignent les universités payantes qui se situent principalement dans les grandes villes comme Katmandou et Pokhara.
L’éducation au Népal traduit pour le moins les inégalités sociales auxquelles est confronté le pays. Bien que l’enseignement se développe de plus en plus dans les villages des campagnes reculées, les progrès sont lents particulièrement dans les zones montagneuses. 60% de la population demeure illettrée.

Le pays subit également une importante carence en termes d’enseignants qualifiés, plus de la moitié des 92 000 instituteurs népalais n’ayant reçu aucune formation. Avec 3,6 millions d’enfants inscrits à l'école primaire, cela ferait donc une moyenne d’un enseignant qualifié pour 88 enfants. Il faut également tenir compte de tous les enfants qui ne sont pas inscrits à l'école parce que leur famille a besoin d’eux, au quotidien, pour les travaux des champs. Pour suppléer à ce système éducatif public défaillant, de nombreux instituts et écoles privées se sont créés depuis le début des années 1990, principalement dans la vallée de Katmandou et dans les grandes villes du pays. Certaines de ces écoles, à but manifestement très lucratif, coûtent aux familles une petite fortune : de 1000 Roupies népalaises (12 Euros) à plusieurs milliers voire dizaines de milliers de Roupies par an. C’est malheureusement le prix à payer pour recevoir une éducation de qualité tandis que celle dispensée dans les écoles publiques gratuites, stagne à un niveau médiocre.
Dans les écoles privées, les cours se déroulent généralement en anglais, ce qui a pour conséquence de favoriser l’avenir des enfants qui ont suivi ce type d’enseignement et, par la même, d’accroître encore un peu plus les disparités sociales. Le tourisme étant l’un des seuls moteurs économiques du pays, les jeunes Népalais ne parlant pas anglais sont presque automatiquement écartés de la source de revenus la plus convoitée du pays. Ce triste constat fait bien sûr encore le jeu des Maoïstes qui voient ainsi chaque année affluer dans leurs rangs, par dépit, de nombreux jeunes peu éduqués.
S’il ne réforme pas profondément l’éducation nationale, le royaume risque donc son avenir politique en même temps que la stabilité du pays.

Les enfants népalais rencontrés

De part la situation stratégique du Népal entre la Chine et l’Inde, ce pays se nourrit de nombreuses influences étrangères que l’on retrouve dans les réponses des enfants quel que soit leur milieu social et leur lieu d’habitation. Toutefois, il est à noter que les élèves de la vallée de Katmandou restent plus en contact avec l’univers international, compte tenu de la proximité des médias qui véhiculent les modes de vie à l'étranger. Plus on s’éloigne du centre névralgique de la capitale, plus les influences des pays voisins (Inde et Chine) se font sentir aux dépens de l’apport occidental. Les enfants népalais sont le résultat de ce melting-pot : ils restent ancrés dans leur culture d’origine mais s’enrichissent des influences internationales qui leur permettent de s’ouvrir sans difficulté aux cultures étrangères et aux autres.
De plus, l’étude réalisée auprès d'élèves légèrement plus âgés (à Bodnath) renseigne sur le changement intellectuel qui s’opère entre l’enfance et l’adolescence, les réponses se faisant plus précises, étant inscrites dans le temps et empreintes de moralité.

Lire les réponses détaillées des enfants népalais :
- Les enfants des orphelinats de Patan et Sauraha gérés par le Nepal Children Welfare Home
- L'école Montessory House de Patan
- Les enfants tibétains de l'école Srongtsen de Bodnath


jeudi 25 mars 2010

Les enfants des orphelinats de Patan et Sauraha gérés par le Nepal Children Welfare Home

Lors de notre séjour au Tibet, nous avons rencontré Tina Deveaney, une jeune anglaise bénévole au sein de la structure « Népal Children Welfare Service Centre » (NCWSC) de Patan, dans la vallée de Katmandou. Elle nous a transmis les coordonnées d’Amit Kiran, trésorier de cet orphelinat, que nous avons contacté et qui nous a reçus avec enthousiasme.
Nous avons ainsi pu réaliser notre étude auprès des 16 enfants de cet orphelinat de Patan; enfants dont les parents ont disparu ou ne peuvent plus subvenir à leurs besoins matériels.
Sur les recommandations d’Amit Kiran, nous avons ensuite rendu visite à la seconde antenne de cette association, le « Népal Children Welfare Home » (NCWH) de Sauraha situé en bordure du Parc National de Chitwan, dans la région sub-tropicale du Teraï, au sud du pays. Nous avons, cette fois-ci encore, été reçus avec la plus grande courtoisie par la charmante Rupa qui nous a présenté les douze enfants de cet orphelinat.

Nous ne saurons trop remercier nos hôtes, qui au cours de ces deux magnifiques expériences humaines, ont tout entrepris afin que nous puissions réaliser ces études dans les meilleures conditions.
Nous analysons ici simultanément les réponses des enfants de ces deux orphelinats, âgés de 6 à 13 ans. Ainsi, même si ces enfants étudient dans des écoles anglophones privées et reçoivent une éducation religieuse d’inspiration anglicane, ceux de Patan bénéficient d'une infrastructure plus adaptée qu'à Sauraha. En effet, les enfants de Patan, originaires pour la plupart des villes et des villages de la vallée de Katmandou, vivent dans une grande maison d'accueil disposant d’un jardin, d’une salle de jeux et de jouets divers. La maison de Sauraha, quant à elle, est beaucoup plus modeste et les enfants qui ont été recueillis, sont nés dans des villages nettement plus défavorisés du centre et du sud du pays. Ainsi les réponses aux questions posées peuvent varier littéralement entre ces deux structures d’accueil.

En premier lieu, tandis que les enfants de Patan répondent que leur jeu ou jouet préféré sont le basket-ball (4 réponses), le football (3) ou le vélo (3), activités qui nécessitent de l’espace, ceux de Sauraha jouent plutôt aux petites voitures ou aux petits avions (6 réponses contre 2 à Patan) et à la poupée (3 réponses contre 2 à Patan). On remarque que, hormis le carrom board (jeu typiquement népalais qui consiste à faire glisser des jetons sur une table) cité par un enfant de Patan et un enfant de Sauraha, tous les autres jeux mentionnés sont des sports ou des activités que l’on pourrait qualifier d’universels. On remarque également que tous les jeux cités restent traditionnels. En effet, aucun enfant de ces orphelinats n’a indiqué les jeux vidéo et autres ordinateurs ou consoles de jeux. Lorsque nous les interrogeons sur les jeux ou jouets qu’ils souhaiteraient le plus avoir, cette dernière observation se confirme mais les réponses sont nettement plus disparates. Les enfants de Patan rêvent d’un ballon (2), d’un vélo (2) ou d’une table de ping-pong (2), activités d’extérieur, mais également de petites voitures et d’avion (4) ou de poupée (3). Les enfants de Sauraha désirent ardemment des petites voitures (3), des figurines de Spider Man (3) ou, réponse étonnante à leurs âges, des jeux d’échec (3). Deux d’entre eux rêvent tout de même de skate-boards.

Outre Spider Man, les échecs ou les skate-boards, l’influence occidentale principalement anglo-américaine, n’est pas négligeable. Ainsi, leurs personnages préférés sont, en grande majorité, des héros de dessins animés américains (6 réponses pour Tom et Jerry, sont également cités Popeye, Superman, Spider Man, Batman, Musclor, la petite Sirène et Mickey Mouse) ou des films américains (5 réponses pour Zorro, sont également notés Jim Carey, « Blade II » et « Men in Black »), l’action et l’humour étant les raisons essentielles déterminant ces choix. Seuls 4 enfants de Sauraha ont mentionné le dessin animé indien « Monkey ». Il ne faut pas perdre de vue que l’Inde n’est qu’à quelques kilomètres de cette ville. Malgré tout et étant conscient de l’influence considérable de la culture indienne sur le Népal, deuxième pays hindou au monde, il faut signaler que seule cette question a induit la référence à un produit culturel indien. Autre exemple de l’influence de la culture populaire américaine sur ces enfants : ceux qui s’identifient aux très médiatiques catcheurs d’outre-atlantique (7 réponses à Patan et 7 également à Sauraha, c’est-à-dire presque tous les garçons et même quelques filles). Deux garçons de Patan aimeraient ressembler à des acteurs américains (Jim Carey et le belgo -americain Van Damme) tandis que trois filles de Sauraha se prendraient volontiers pour Kate Winslet, actrice principale du célèbre film « Titanic ». La culture anglo-américaine est également évoquée en termes de goûts littéraires (3 réponses pour l’éternel Harry Potter, viennent ensuite Tom et Jerry, Popeye et la petite Sirène) ou musicaux (6 enfants plébiscitent des artistes de langue anglaise).
Cependant, c’est bien dans le domaine musical que l’on observe l’importance de la culture proprement népalaise : 21 réponses plébiscitent des artistes du pays dont 7 réponses provenant de Sauraha pour le seul Nabin Blattri. Mayala (2 réponses), Reshan Firin (2) et Yash Kunar (2) sont également cités. De même de nombreux écoliers s’identifient volontiers à des personnalités de leur pays dont la toute première, le roi lui-même (2), mais aussi des acteurs (2) et des danseuses (2).
Concernant l’alimentation, les goûts sont plus partagés. Certains font références aux plats typiquement népalais : 6 réponses pour le riz à Patan, 4 préfèrent les momos (raviolis) à Sauraha. Sont également mentionné le « dhal bhat », plat traditionnel du pays, les samosas et les chapatis (galettes). Les autres enfants font plutôt référence à des plats ou à des aliments plus universels comme le pain (3), le thé (2), le lait (2), les fruits (2), les oeufs, le poisson ou des douceurs sucrées comme les glaces ou la confiture.

Indépendamment de ces influences régionales ou internationales, ces enfants sont très proches de leur environnement immédiat. Même si, nous l’avons vu précédemment, la plupart d’entre eux s’identifient à des personnalités américaines ou népalaises, deux jeunes filles de Patan aimeraient ressembler à Lise-Marie, la jeune femme française bénévole qui a partagé leur vie pendant plusieurs semaines.

Cette expérience de partage, d’entraide et de vie collective fait naître également de nombreuses vocations : 6 garçons désirent ainsi être docteurs, 4 filles veulent devenir infirmières et 6 enfants sentent naître en eux la fibre enseignante. Seuls trois enfants manifestent des velléités pécuniaires. L'école et l’enseignement demeurent des éléments primordiaux, comme si ces enfants, que la vie a rendu incroyablement matures pour leur âge, fondaient tous leurs espoirs dans l’éducation. Ainsi pour 12 enfants (dont 8 de Sauraha, visiblement encore plus matures que ceux de Patan), « aller à l'école » demeure la priorité devant « jouer avec ses amis » (6 réponses), « lire » (5), « regarder la télévision » (3) et la magnifique réponse « to have time », avoir du temps (2 réponses à Sauraha). De même pour 15 enfants (dont les 12 enfants de Sauraha qui n’ont que ces ouvrages à disposition), les livres d'école constituent leurs lectures favorites (6 réponses pour l’anglais, 6 pour les sciences et la santé, 2 pour les mathématiques et 1 pour l’apprentissage du népali).
Autre preuve de la maturité des enfants de Sauraha : ils ont presque tous répondu (9 réponses) que l'événement récent qui les avait le plus marqués, était l'événement dramatique à l’origine de leur venue dans la maison d’accueil, soit le départ de la maison familiale du père, de la mère ou de la sœur (7 réponses), soit le décès du père (2). Il est particulièrement troublant de soutenir le regard d’un petit orphelin de 6 ans qui vous montre sa feuille en vous demandant, le sourire aux lèvres, si sa réponse vous convient. De leur côté, les enfants de Patan ont tous mentionné que l'événement récent le plus marquant était leur dernière visite touristique dans une ville du pays (6 réponses), au zoo (6) ou la célébration de la messe à laquelle ils avaient assisté le matin même (2).
Les voyages font également partie des centres d’intérêt de ces enfants. 7 rêvent de se rendre dans des régions népalaises qu’ils ne connaissent pas encore, 2 voulent venir en France, un autre souhaite visiter tous les pays. D’autres, plus rêveurs (ou plus poètes), voudraient « aller au paradis », « jouer avec la lune », « jouer avec le soleil », « jouer avec les étoiles », « voler » ou encore « jouer avec Jésus » (le même enfant mystique dont l’ouvrage de référence est la Bible). Néanmoins, ces petits Népalais demeurent des enfants comme les autres. En revenant de l'école, ils jouent avec leurs amis (18 réponses montrent ainsi l’importance au quotidien de la vie en communauté), troquent leurs uniformes contre des vêtements civils (8) ou mangent (7). On l’a déjà indiqué lorsqu’on évoquait leur jeu préféré, les sports font partie de leur vie quotidienne, avec une nette prédominance pour les sports asiatiques (badminton – 9 réponses et le kick-boxing – 5 réponses) ainsi que les jeux collectifs classiques (football – 4, basket – 2 et volley – 2). Paradoxalement, les mots préférés des petits citadins de Patan sont surtout des noms d’animaux (chameau, tigre, chien, éléphant, mouton) alors que les enfants de Sauraha qui vivent juste en face du principal parc national du pays, préfèrent des mots simples de la vie de tous les jours tels que « oui » ou « s’il te plait », ainsi que « merci » (7 réponses).

Quant aux questions qu’ils souhaitent poser aux enfants français, il s’agit là encore de questions simples telles que « Comment t’appelles-tu ? » (12), « Quel âge as-tu ? » (6), « Veux-tu être mon ami ? » (4), « Comment vas-tu ? » (2). Deux enfants se demandent naïvement « Comment s’appelle ton roi ? », tandis qu’un autre plus philosophe interroge « quelle est pour toi la chose la plus importante ?».

L'école Montessory House de Patan

Grâce à l’aide de Chantal Lama, Directrice de l’Alliance Française de Katmandou, nous sommes intervenus dans deux établissements privés de la vallée de Katmandou :
- l'école Montessory House de Patan qui accueille à la fois des Népalais, des étrangers et des enfants possédant une double nationalité ;
- l'école Srongtsen de Bodnath dont 99% des élèves sont issus de la communauté tibétaine népalaise qui s’est réfugiée au Népal après l'échec du soulèvement contre l’envahisseur chinois en 1959.

Nos interventions se sont déroulées pendant les cours ou les initiations à la langue française. Nous remercions donc les deux professeurs qui ont joué le rôle d'interprète et qui ont eu la gentillesse de consacrer leur cours hebdomadaire à la réalisation de ce projet.

Les 34 élèves de l'école Montessory House qui ont répondu au questionnaire, sont issus d’un milieu social aisé. Enfants de familles riches de la vallée de Katmandou (certains d’entre eux sont même des enfants d’expatriés d’origine japonaise ou coréenne), ils ont la chance de suivre un enseignement de qualité au sein d’un établissement reconnu et dont les frais d’inscription sont supérieurs à bien des salaires perçus au Népal. Bénéficiant de nombreux avantages et d’une ouverture sur les autres cultures, ces écoliers privilégiés ont ainsi tendance à avoir les mêmes références que de nombreux enfants des pays les plus favorisés, nations occidentales et d’Asie du Nord-Est en tête.
Leurs personnages préférés sont ainsi des héros de dessins animés américains (Cendrillon – 4, Tom et Jerry – 3, Musclor) ou japonais (Pokemon – 2, X-Men), mais aussi des personnages de films américains (Harry Potter – 2, Arnold Schwarzenger, Will Smith dans "Men in Black", "Zorro", "E.T", "Le Seigneur des Anneaux"), du cinéma de Hong Kong (Jackie Chan, Jet Li) ou du cinéma indien (Sharukahn – 2). Quatre élèves mentionnent également les catcheurs américains.
De même, les livres favoris de ces écoliers sont Harry Potter (3), Pokemon (3), Blanche-Neige (2), Cendrillon (2), Garfield, Musclor, Winnie l’ourson, Tarzan ou Scoobidoo. Cinq élèves évoquent cependant des références plus didactiques (encyclopédie – 2, livres d’histoire ou d'éducation).
Les réponses concernant leurs jeux ou jouets favoris sont, elles aussi, très révélatrices. Neuf enfants citent les jeux vidéo (dont 5 pour la seule console « Playstation ») et cinq mentionnent les figurines de super héros ou de catcheurs américains. D’autres élèves demeurent plus classiques, même si l’influence occidentale est toujours présente, évoquant la poupée (5) ou l’ours en peluche. Les jeux dont ils rêvent sont, là encore, les jeux vidéo (16), marque d’un certain niveau social. Quatre enfants citent les produits dérivés du dessin animé japonais « Pokemon » (livres, cartes, peluches, jeux), un enfant totalement « pokemonisé » ayant répondu « Pokemon » à près d’une question sur trois. Les poupées (3 réponses dont deux pour Barbie), les figurines de super-héros d’Outre-Atlantique (3), les petites voitures (2) et les ballons (2) sont également mentionnés. Deux enfants indiquent modestement qu’ils voudraient un scooter. En terme d’alimentation, ces écoliers népalais font la part belle aux pizzas (12), aux hamburgers (9) et aux frites (6), ceci même si aucune grande chaîne multinationale de restauration rapide spécialisée dans les pizzas ou les hamburgers ne s'est encore installée dans la vallée de Katmandou. Les plats népalais sont tout de même mentionnés : momos (7), (sorte de raviolis); aloochop (4) (qui ressemblent à nos pommes dauphine) ; autres plats népalais (3).
Leurs goûts musicaux sont également très internationaux : chansons de langue anglaise (12), artistes indiens (3) ou japonais (2). Pour la première fois depuis le début de cette étude à travers le monde, trois enfants indiquent la musique rap, un d’entre eux précisant « le rap népalais ». Dix enfants citent tout de même la musique népalaise, bien que ce soit souvent de la musique pop d’inspiration indienne ou occidentale, le phénomène des « boys band » et autres « girls band » étant en plein essor au Népal.
Les sports favoris de ces élèves sont, là aussi, des sports « universels », principalement d’origine anglo-saxonne : football (13), natation (11), basket-ball (8), cricket (7), catch (3), badminton (3), tennis (2) ou même le rugby.

Concernant le métier que ces enfants aimeraient exercer plus tard, les réponses sont plus éclectiques. Certains rêvent de réussite sociale ou financière : ingénieur (5), catcheur, acteur ou directeur d’hôtel. Néanmoins, nombreux sont ceux qui ressentent une vocation, une passion ou veulent aller au bout de leurs rêves : médecin (7) pour « aider les gens » ou « sauver des vies », professeur (4) pour « aider les enfants », pilotes (2) pour « voler » ou « voir la terre depuis le ciel », astronaute « pour aller sur la lune », vétérinaire « pour sauver les animaux », artiste peintre, danseuse, guitariste, infirmière et cette étonnante vocation de « riche homme d’affaires pour aider les pauvres ». Même la plupart de ceux qui souhaitent devenir ingénieur confessent que ce n’est pas tant pour l’argent que pour « construire » et « créer ». Il y a aussi ces trois élèves qui veulent devenir « soldats britanniques » pour « voyager » et « gagner de l’argent » mais aussi pour « faire respecter la paix dans le monde » ou, plus prosaïquement, pour « sauver le monde ». Il nous faut ici signaler que, depuis plusieurs siècles, de nombreux Népalais, réputés pour leur force et leur bravoure, appartiennent à certains corps d'armées britanniques.

Les principaux repères de ces enfants demeurent encore la famille et l'école. La plupart d’entre eux aimeraient ressembler à leur père (12), leur mère (5), leur grand frère (4) ou leur sœur, et l’une des choses la plus importante pour eux est d’être avec leurs parents (11) ou leurs frères et sœurs (2). Toutefois, l'école semble être aussi un élément essentiel (16), largement devant le fait de regarder la télévision (8), de manger (5) ou de jouer (5). De même, après l'école, la majorité des élèves interrogés font leurs devoirs (25) après avoir goûté (15) et parfois s'être changés (5).

Les événements récents qui les ont marqués sont très liés à leur quotidien : une fête d’anniversaire (13), un accident (4), un cadeau reçu (3) ou un cauchemar (2).

Quant à leurs rêves, il s’agit souvent de voyages, soit vers « un pays merveilleux » (6), soit à l’étranger (3). Les inspirations les plus originales sont également suscitées par cette question : « être une fée » (2), « voler », « jouer dans mes rêves », « être un maître de karaté », « tuer le champion de catch The Rock », « devenir le petit ami de mon professeur de danse », « aller au pays des jouets », « avoir tous les jeux », « arrêter le monde et prendre tous les jeux vidéo Playstation » ou l’inquiétant « avoir des pistolets et arrêter les gens pour avoir tout ce que je veux ». Deux enfants se montrent, de leur côté, particulièrement sages souhaitant « qu’il y ait la paix au Népal » ou « qu’il y ait la paix et des pensées positives chez tous les hommes ». Ainsi, des volontés pacifiques au terrorisme, l’éventail des aspirations est on ne peut plus large.

À la question « Quel est le mot que tu préfères ? », les réponses sont également très disparates :
- des mots de tous les jours (hello – 4, welcome – 2, bye bye, merci, bonne journée),
- des verbes (jouer, avoir, manger),
- des douceurs culinaires (chocolat, raisin),
- des prénoms d’amis proches,
- des jouets (poupée, ours et « Pokémon » pour l’inconditionnel de la sautillante boule jaune),
- des qualificatifs (juste, plaisant).
Enfin, les questions que les élèves népalais souhaitent poser aux enfants français sont des questions génériques (« Comment t’appelles-tu ? » – 5, « Quel âge as-tu ? » – 3), Relatives à l’école (9), à leurs goûts (plat favori, sport, jouet ou dessin animé préféré), à la France (2) ou aux langues (« Parles-tu anglais ? », « Parles-tu népalais ?»).
Nous citerons, pour conclure sur une note optimiste, cette étonnante interrogation : « As-tu des pensées positives ? ».

mercredi 24 mars 2010

Photos de Sauraha et du parc national du Chitwan


Rivière délimitant le parc national du Chitwan



Rhinocéros au petit matin



Reya, orpheline prise en charge par le Nepal Children Welfare Home



Réserve de foin à Sauraha


Les camarades de Reya



Liane enlacée à un arbre dans la jungle du Chtiwan



Le sourire d'Usha



Éléphant d'Asie


Dîner avec les orphelins du Nepal Children Welfare Home



Chèvres et enfant dans un village traditionnel


Reya et ses camarades

Photos de Katmandou et sa vallée


Barabise, ville au pied de l'Himalaya


Durbar Square de Patan dans la vallée de Katmandou


Rue de Bhaktapur dans la vallée de Katmandou


Stupa de Swoyambhu


Maison ancienne à Katmandou


Lingam sacré


Madone à Durbar Square à Katmandou


Façade d'un temple hindouiste


Durbar Square à Katmandou


Dorje, symbole bouddhiste


Stupa de Bodnath


Dans le temple d'Adinath Lokeshwar, dons des jeunes mariés aux Dieux


Pointe du stupa de Swoyambhu avec les drapeaux de prières


Cloche dans un temple


Boucherie à Katmandou

Les enfants tibétains de l'école Srongtsen de Bodnath

En préambule, il me faut signaler que les 17 enfants tibétains rencontrés au sein de l'école de Srongtsen sont légèrement plus âgés que les écoliers interviewés jusqu'à présent.

Alors que l’oppression politique et religieuse règne toujours au Tibet, Bodnath est l’un des rares endroits ou la culture tibétaine peut s’exprimer sans entrave. 99% des enfants de cette école, membres de la communauté tibétaine népalaise, évoluent ainsi dans un environnement tibétain ; le proviseur de l’établissement, qui est lui-même un moine bouddhiste, veille à la transmission de la tradition tibétaine à cette troisième génération de Tibétains exilés au Népal.

A. Les références à la situation politique au Tibet sont, de ce fait, extrêmement nombreuses dans les réponses obtenues au questionnaire. Ainsi, trois personnages liés, de près ou de loin, à la cause tibétaine ont été cités comme étant les adultes auxquels les élèves aimeraient ressembler : le Dalaï Lama(2), George Bush qui, selon la première de la classe, aide les réfugiés tibétains aux Etats-Unis et Songokhu (héros de la série japonaise « Dragonball Z ») qui, grâce à sa puissance, pourrait libérer le Tibet. Les raisons invoquées dans le choix de leur profession future sont également assez évocatrices. Un élève souhaite devenir un scientifique expérimenté pour « développer son pays et l’amener à la paix car il a été envahi par l’Armée Rouge chinoise ». Un autre aimerait devenir footballeur de l’équipe du Tibet car il « espère retrouver bientôt (son) pays ». Trois autres veulent devenir de bons docteurs pour « servir (leur) pays aujourd’hui dépendant de la Chine » ou pour « être dévoué comme le Dalaï Lama ».
Cinq d’entre eux ont des rêves liés au pays de leurs grands-parents : un élève désire ardemment retourner au Tibet; d'autres souhaitent effectuer un pèlerinage au cœur des sites sacrés tibétains, gravir la face nord de l’Everest (coté tibétain), devenir docteur « pour soigner toutes les maladies présentes au Tibet », étudier les sciences aux Etats-Unis avant de revenir travailler au Tibet.
Cette référence culturelle se retrouve également dans les livres préférés des élèves, les chansons, les plats et les mots favoris. En effet, six d’entre eux ont cité des livres tibétains, livres de prières ou simples romans d’aventures écrits dans cette langue. Un écolier fait, quant à lui, allusion à son pays en choisissant la bande dessinée « Tintin au Tibet ». La musique pop tibétaine est également mentionnée par plusieurs élèves et le thukpa (soupe) ainsi que la tsampa (farine d’orge grillée, alimentation de base des Tibétains) restent appréciées même si elles ne font pas toujours l’unanimité. Six élèves ont choisi des mots tibétains comme « Tashi delek » (le fameux bonjour du Tibet), « Tenzin Gyatso », « Rinzin » ou « Tsela ». Enfin, deux questions posées aux enfants français touchent directement l’environnement tibétain : « Connaissez-vous la culture tibétaine ? » et « As-tu entendu le discours du quatorzième Dalaï Lama ? »

B. On retrouve également, comme un leitmotiv dans de nombreuses réponses, des valeurs marquantes telles que l’honnêteté, le don de soi pour aider les autres et la bravoure. Ainsi, neuf élèves ont donné comme raison principale du choix de leurs personnages favoris : les Power Puff Girls « parce qu’elles aident toujours les autres », Ash Ketcham (Pokemon) « parce qu’il n’abandonne jamais ses amis », Superman « parce qu’il est courageux et que c’est un homme au grand cœur », Popeye « parce qu’il est brave ». Ces mêmes raisons apparaissent neuf fois dans le choix de l’adulte auquel ils s’identifient : le Dalaï Lama (2) « car c’est un homme honnête », Superman (2) « parce qu’il veut sauver les autres », Batman « parce qu’il combat le crime », Mère Térésa « parce qu’elle aide les gens pauvres », une reine « pour aider les gens et leur donner des droits », Fred de l’agence Scoubidou « parce qu’il n’abandonne jamais ses amis », un docteur « pour soigner les familles pauvres ». Et enfin, douze d’entre eux ont choisi un métier qui leur permettra d’aider les autres : docteur (9), détective privé (2), policier et homme d’affaires « pour devenir l’homme le plus riche du monde et ainsi aider les nécessiteux » .

C. À l’approche de l’adolescence, certains élèves sont tiraillés entre les préoccupations liées à leur âge et des activités plus enfantines. Certaines réponses marquent une rupture avec celles obtenues jusqu'à présent auprès d’enfants plus jeunes. Ainsi, alors que tous les personnages favoris sont issus du monde des dessins animés, univers privilégié des enfants, les adultes auxquels ils aimeraient ressembler ne sont plus, pour dix d’entre eux, des personnages de fiction. Les référents, empruntés au monde réel, remplacent peu à peu les personnages imaginaires si chers aux enfants. Cette distinction est également visible dans les réponses relatives aux jeux et aux jouets. Les jouets traditionnels sont, pour la plupart, délaissés au profit des jeux vidéo (11 réponses) et du sport (26); les sports principalement évoqués étant le basket-ball (6), le football (5), le badminton (5) et le ping pong (4). Les jouets demeurent l’apanage des jeunes filles qui privilégient encore le cache-cache (2), la corde à sauter (2) et la poupée (2). L’importance des jeux vidéo et du sport se retrouve dans les jeux et jouets que ces enfants désirent acquérir : dix élèves aimeraient des accessoires leur permettant de pratiquer leur sport favori et six d’entre eux préfèrent les jeux vidéo de toutes sortes et les ordinateurs.
Il est important de noter qu’un grand nombre d'élèves ne possédant ni ordinateur, ni consoles de jeux, fréquentent les cafés Internet qui fleurissent dans tout le pays.
La maturité de ces élèves leur a permis de faire preuve d’imagination à la question concernant ce qu’ils considéraient comme le plus important dans leur vie quotidienne. Ainsi, ils ne se sont pas cantonnés, comme les plus jeunes, aux propositions faites dans le questionnaire. Même si 9 d’entre eux ont indiqué que le fait d’aller à l'école était essentiel, d’autres écoliers ont mentionné « débattre, écrire et lire » (4), « respecter les aînés » (2), « faire des choses avantageuses pour tout le monde », « partager mes joies et mes peines avec mes parents », « améliorer l’environnement », « faire du sport » ou « avoir des vêtements ».
De même, en ce qui concerne l’événement récent qui les a le plus marqués, la précision temporelle systématique est une nouveauté. Ils ont tous indiqués la date à laquelle cet événement avait eu lieu, l’inscrivant ainsi dans le temps. Les événements négatifs (11) qui les touchent directement sont également les plus fréquemment cités, à la différence des plus jeunes qui ont souvent tendance à privilégier les événements favorables. Ainsi, un élève a été victime d’une « fracture du pied suite à un accident de moto avec (son) père », un autre a été « à l’hôpital pour des problèmes oculaires », un troisième s’est « perdu dans un marché et (a) eu très peur ».

D. Ces élèves recevant un enseignement anglophone, éduqués dans le respect de la culture tibétaine et vivant dans un pays enclavé entre la Chine et l’Inde, subissent inévitablement des influences diverses. Ainsi, leurs personnages favoris sont essentiellement des héros de dessins animés anglophones (Tom et Jerry – 5, Superman – 3, Popeye – 2, Dexter – 2) ou japonais (Ash Ketcham de la série Pokemon).
Les adultes auxquels ils s’identifient proviennent également de la sphère internationale (George Bush, les footballeurs David Beckham et Ronaldinho), avec une nette préférence pour les personnalités de l’Inde (Mère Térésa, la pilote Rubi Rana, la femme politique Sonia Gandhi). L’influence anglaise, très importante jusqu’au XXème siècle en Inde et au Népal, explique également le choix des sports qu’ils pratiquent le plus comme le basket-ball (6), le badminton (5) le football (5) ou le cricket (2). Quatre élèves ont également cité le ping-pong, preuve d’une certaine influence chinoise.
L’apport international est tout aussi visible dans le choix des chansons préférées, les chanteurs indiens étant largement cités (Lucky Ali – 4, Falguni Pathak – 4, Adham Sani – 2), devant les artistes népalais (Ram Krishna Dhakal, Wima Rumba, Lata Mangeshos, Arasma) et les chanteurs anglo-américains (Brian Adams, Blur, Linking Park, Nelly).
Les plats favoris indiquent également le mélange des influences que connaissent le Népal et ces enfants tibétains. La proximité de la Chine explique le choix des momos (7) (spécialité tibétaine et népalaise très proche des raviolis chinois) ainsi que leur goût pour les chowmeins (4) (nouilles typiquement chinoises). L’influence occidentale se ressent dans trois autres choix qui rassemblent le plus de voix : les pizzas (9), les hamburgers (6) et les sizzlers (2) (filets de viande légèrement panés et grillés sur une plaque en fonte).

E. Les mots préférés de ces écoliers sont principalement ceux de la vie quotidienne (bonjour – 3, désolé, oui, merci, bonne journée) et des termes que l’on pourrait qualifier de communautaires (paix, amis, copain, rencontrer, amour). Plusieurs réponses sont très proches des résultats obtenus indifféremment au cours de nos interventions dans les précédents pays. Sept élèves font ainsi directement leurs devoirs après l'école tandis que les dix autres se changent et mangent avant de jouer, de regarder la télévision ou de faire leurs devoirs. Dans de nombreux établissements, le port de l’uniforme étant obligatoire, la plupart de ces enfants ont, en effet, pris l’habitude de changer de vêtements en rentrant de l'école.
Leurs rêves se concentrent autour de deux pôles : la découverte des autres pays (7) et leur avenir professionnel (7). Leurs livres préférés sont essentiellement des livres thématiques traitant d’un sujet ou d’une discipline particulière : livres d’histoire (3), livres scientifiques (2), livres médical ou social, ouvrages sur l’alpinisme ou le football.
Enfin, ces écoliers désirent poser aux enfants français des questions relatives :
- à leur vie quotidienne : « Comment se passe ta vie ? » (3 réponses), " Comment t’appelles-tu ?" (6 réponses, en français dans le texte), « Comment vas-tu ? » (également en français);
- à leurs goûts : « Aimes-tu les chocolats ? » (toujours en français), "Quel est l’endroit que tu préfères? ";
- à la connaissance de la culture tibétaine : « Connaissez-vous la culture tibétaine ? », « As-tu entendu le discours du quatorzième dalai lama ? »;
- à l’apprentissage du français : « Veux-tu m’aider à apprendre le français ? » , « Comment apprendre vite le français ? ».

Népal - Katmandou - janvier 2004


1. Photos de Katmandou et sa vallée

2. Photos de Sauraha et du parc national du Chitwan


3. Présentation succincte du Népal

4. Le système éducatif et les enfants népalais


5. Les enfants des orphelinats de Patan et Sauraha gérés par le Nepal Children Welfare Home


6. Les enfants tibétains de l'école Srongtsen de Bodnath


7. Les enfants de l'école Montessory House de Patan


8. À la découverte de Reya et de ses camarades

9. Chiffres clés du Népal
  • Capitale : Katmandou.
  • Décalage horaire : GMT + 5 h 30.
  • Langue(s) principale(s) : népali, maithili, bhojpuri.
  • Monnaie : roupie népalaise.
  • Superficie : 140.797 km² soit 166,9 habitants/km².
  • Population : 23,5 millions d'habitants dont 41 % de moins de 15 ans.
  • Projection de la population en 2025 : 37 millions d'habitants.
  • Taux d'accroissement de la population : 2,67 % par an.
  • Taux de population urbaine : 11 %.
  • Espérance de vie : 58,6 ans.
  • Indice de fécondité : 4,1 enfants par femme.
  • Taux de mortalité infantile : 82,6 décès pour 1000 naissances.
  • Taux d'analphabétisme : 56 %.
  • Taux d'inscription à l'école primaire : 70 %.
  • Dépense publique d'éducation : 2,5 % PIB.
  • Nombre de téléviseurs : 5,8 pour 1000 habitants.
  • Taux de croissance annuelle : 5,3 %.
  • Produit Intérieur Brut (PIB) : 1.327 USD/habitant/an (167e rang mondial).
  • Indicateur du Développement Humain (IDH) : 0,490 (142e rang mondial).

lundi 22 mars 2010

La richesse du Népal

Faune et flore

Enserré le long de la chaîne himalayenne, entre les deux géants d’Asie que sont l’Inde et la Chine, le royaume du Népal est un petit pays (à peine plus du quart de la superficie de la France), au charme fascinant. Son histoire et sa culture ancestrales, les riches traditions de ses nombreuses ethnies, la gentillesse de sa population et la grande beauté de ses paysages extrêmement variés font de ce pays l’un des plus attachants que nous ayons eu l’occasion de traverser jusqu’à présent.
Malgré sa faible superficie (moins de 150 000 kilomètres carré), le tiers du Grand Himalaya se situe sur son territoire où culminent dix des quatorze plus hauts sommets du monde, dépassant 8000 mètres d’altitude. Se dressant à la frontière chinoise, l’Everest domine le monde du haut de ses 8850 mètres tandis qu’à moins de 150 kilomètres au sud, les plaines du Teraï ne s’élèvent qu’à 100 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui constitue la plus grande dénivellation au monde. Des sommets aux neiges éternelles de l’Himalaya, aux rizières et aux palmiers du Teraï, le Népal présente une flore et une faune incroyablement riches. On y a ainsi recensé 6500 espèces d’arbres, d’arbustes et de fleurs sauvages dont plus de 300 variétés d’orchidées. La période la plus spectaculaire pour observer les fleurs est sans conteste le printemps, principalement en mars et en avril, lors de l’éclosion des rhododendrons, peu de temps avant que les pluies torrentielles de la mousson ne se déversent sur le pays, entre juin et septembre.
Le meilleur moment pour visiter le pays reste le début de la saison sèche, en octobre et en novembre. Le temps est alors très doux, le ciel est bleu chaque jour et les campagnes vertes, tandis que la visibilité est exceptionnelle sur l’Himalaya. À cette période, il est très agréable de marcher dans les Parcs Nationaux du pays pour observer la faune népalaise. On compte ainsi plus de 800 variétés d’oiseaux, soit près de 10% des espèces connues et de nombreux mammifères. L’Himalaya abrite des tahrs, des chevrotins et des barals (artiodactyles cousins de nos bouquetins), des ours bruns et noirs, des léopards des neiges, des loups mais également de nombreux oiseaux dont les impressionnants vautours fauves de l’Himalaya.

C’est cependant dans le Teraï que la faune est la plus diversifiée. Ainsi, le Parc National du Royal Chitwan, que nous avons sillonné à pied pendant deux jours, abrite le plus beau félin du monde, le tigre royal du Bengale (un peu plus de cent individus), espèce aujourd’hui menacée, mais également des léopards et des ours jongleurs. Ces trois discrets mammifères ne sont que rarement visibles. On peut en revanche, y observer des singes (entelles communs et macaques rhésus), des cerfs, des crocodiles des marais, des gavials (crocodiles à l’allure préhistorique arborant un museau fin et allongé, espèce également menacée), d’impressionnants pythons indiens, des éléphants dont la grande majorité est domestiquée et, si la chance nous sourit, des rhinocéros unicornes (espèce menacée). Dans le Parc National du Royal Chitwan vivent également de nombreux oiseaux dont plusieurs espèces de hérons, aigrettes, perruches, aigles, cigognes, marabouts, martin-pêcheur et minivets ainsi que de superbes paons et des toucans au gros bec jaune.
Malheureusement, du fait de l’importante croissance démographique de ce pays de plus de 23 millions d’habitants, les forêts se réduisent chaque année ce qui, conjugué à l’érosion issue de l’activité humaine et à l’assèchement des réserves d’eau, met en danger de nombreuses espèces.

Situations politique et économique

Depuis plus de 2200 ans, hindouisme et bouddhisme sont, au Népal, si étroitement mêlés qu’il est très difficile de les distinguer, même si le pays est officiellement un pays hindouiste. Royaume unifié depuis la fin du XVIIIème siècle, le Népal compte parmi les pays les plus pauvres du monde avec un Produit Intérieur Brut de 240 dollars US par personne en 2000. Il faut tout de même relativiser ces chiffres et tenir compte du fait que plus de 90% de la population se compose de paysans vivant d’une économie de subsistance, en dehors de tout économie de marché. Malgré tout, compte tenu des problèmes économiques entraînant un fort taux de chômage et du mécontentement croissant face à la corruption, de nombreux jeunes Népalais rejoignent chaque jour les rangs du Parti communiste (maoïste) qui a déclaré, en 1996, la guerre au royaume. Ainsi, le Népal vit actuellement une période très troublée.
Depuis le massacre de la famille royale le 1er juin 2001, officiellement par Dipendra (le fils du roi « pris de boisson » qui aurait agi par colère, ses parents s’opposant à son mariage avec une femme d’origine indienne), c’est Gyanendra, le frère du roi Birendra assassiné, qui règne désormais sur le pays. L’ascension de Gyanendra au pouvoir, souverain impopulaire auprès d’une population bouleversée par le meurtre du roi Birendra très aimé, n’a fait qu’exacerber les revendications des maoïstes, plongeant ainsi le pays dans la guerre civile. Les maoïstes occupent de nombreuses régions du pays. Les affrontements avec l’armée du royaume sont fréquents et les victimes de plus en plus nombreuses.
Les militaires contrôlent toutes les routes et tous les véhicules, le parc central de Katmandou a été transformé en camp d’entraînement et le couvre-feu a été instauré dans tout le pays. Depuis l’attentat qui a ensanglanté le cœur même de Katmandou, en septembre dernier, la situation est devenue de plus en plus préoccupante dans la capitale ou surviennent de fréquents échanges de tirs, au beau milieu de la nuit.

A la découverte de Reya et de ses camarades

Reya n’est pas une enfant comme les autres. Même si elle affiche à chaque instant un large sourire et qu’elle n’aspire, du haut de ses 6 ans, qu’à jouer avec ses amis, elle fait preuve d’une grande maturité compte tenu des difficultés qui ont déjà marqué son enfance. Elle partage sa vie, depuis quelques mois maintenant, avec onze autres enfants âgés de 4 à 13 ans, dans un orphelinat situé en bordure du Parc National du Chitwan, dans le sud du Népal.
Cet orphelinat "Nepal Children Welfare Home" accueille aussi bien des orphelins que des enfants abandonnés, des enfants qui ont subi des mauvais traitements ou qui ne peuvent plus être assumés financièrement par leurs parents.
Nous avons rencontré Reya et ses camarades lors de notre passage à Sauraha et avons partagé avec eux quelques instants riches en émotion. Ils ont tous participés avec enthousiasme à notre étude, répondant aux questions avec parfois quelques difficultés. Bien qu’ils reçoivent un enseignement en anglais, il leur est difficile d’exprimer toutes leurs pensées dans cette langue. De plus certaines questions leur ont semblé plus ardues, ayant peu de contacts avec la musique actuelle et avec les livres autres que les ouvrages scolaires.
Une fois le dessin achevé, les jeux ont pu commencer : chatouillis et autres jeux de mains que connaissent tous les écoliers du monde, nous ont accaparés jusqu’au dîner. Les « bye bye » ont fusé lorsque nous les avons quittés pour les laisser manger tranquillement. Le dernier soir avant notre départ pour l’Inde, nous avons dîné avec eux.
Nous nous sommes attablés sur un lit en bois faisant office de table de travail, de table à manger, de salle de jeux et accessoirement de lit, pour déguster un délicieux "dhal bhat", le plat de base népalais accompagné d’un verre de jus d’orange que nous leur avions apporté. Les câlins et les jeux ont repris de plus belle jusqu'à notre départ. Ils nous avaient adoptés et recherchaient, le temps de quelques heures, un peu de tendresse. Le regard rieur de Reya et sa joie de vivre, comme celle des autres enfants, malgré un destin déjà bien lourd à assumer, ont été une réelle leçon de vie pour nous.
Cette bonne humeur est entretenue par l’association NCWH qui, avec de petits moyens, tente de sauver la vie d’un grand nombre d’enfants délaissés.
L’association à but non lucratif créée en 2000, dispose de plusieurs centres dans tout le pays et permet à Reya et à ses camarades de suivre un enseignement de qualité, de manger tous les jours à leur faim, d’avoir un toit et surtout de connaître l’amour d’une grande famille.
Même si elle a reçu l’agrément du gouvernement népalais, elle ne dépend financièrement que des dons privés et de l’aide des ONG, les aides publiques étant quasi-inexistantes. Grâce aux dons financiers ou en nature recueillis, elle recrée une cellule familiale chaleureuse et cherche à panser les peines qu’ont connues trop jeunes ces enfants, pour leur permettre d’aborder leur vie d’adulte avec plus de chances. L’organisme accepte toutes les contributions en nature qui améliorent leur quotidien : des jouets, du matériel scolaire, des médicaments de premier secours, des vêtements et des chaussures, de la nourriture…

Des partenariats liant un enfant à un donateur sont également mis en place afin que ce dernier puisse suivre l’évolution de son petit protégé et correspondre avec lui. Cent à deux cents dollars US sont nécessaires pour couvrir les frais éducatifs d’un enfant pendant un an, trois cents à six cents dollars US pour lui assurer une vie décente chaque année. Si vous souhaitez venir en aide à Reya ou à un autre enfant de l’association, envoyez vos dons à l’adresse suivante :

M. Amit Kiran
Népal Children Welfare Service Centre
G.P.O Box 8975
E.P.C. 1532
Kathmandu NEPAL
Email : ncwsc@wlink.com.np